Hauts-de-Seine/Seine-et-Marne : la police met la main sur près de 15 tonnes de protoxyde d'azote

Hauts-de-Seine/Seine-et-Marne : la police met la main sur près de 15 tonnes de protoxyde d’azote

Un simple contrôle d’un scooter à Châtillon (Hauts-de-Seine), le 7 août, a entraîné le démantèlement d’un important trafic de protoxyde d’azote. Au total, la police a saisi près de 15 tonnes de bonbonnes contenant ce gaz hilarant. Cela représente un montant de plus de 120 000 euros de biens destinés à la revente.

Le 7 août, un homme en scooter, accompagné d’un passager, aurait tenté d’éviter un contrôle avant d’abandonner ses deux vélos à Bagneux, indique BFM Paris Île-de-France. Alors que le conducteur s’enfuyait, la femme qui voyageait avec lui a été interpellée par la police, qui aurait découvert six bouteilles de protoxyde d’azote et 105 euros dans le scooter. Elle a été placée en garde à vue, ainsi que le chauffeur, qui est finalement ressorti quelque temps plus tard au commissariat de Montrouge.

Ce dernier a reconnu avoir effectué des livraisons de protoxyde d’azote via les réseaux sociaux, comme Snapchat. Il a également indiqué qu’il prenait ses approvisionnements en Seine-et-Marne, au Collégien, dans deux cartons où sont entreposés les articles. Les enquêteurs ont fouillé les lieux le lendemain. Ils ont découvert plus de 800 bouteilles de protoxyde d’azote (2,2 tonnes).

Deux jours plus tard, le 11 août, la police judiciaire des Hauts-de-Seine, rattrapée par cette affaire, constatait la présence au niveau de ces deux cartons d’un « chauffeur d’un livreur hollandais venu livrer 14 palettes de protoxyde d’azote ». oxyde. », indique le substitut du procureur général du parquet de Nanterre, soit près de 12,6 tonnes. L’enquête est toujours en cours pour identifier les organisateurs de ce grand trafic.

Des bonbonnes retrouvées dans la nuit de samedi à dimanche dans une voiture après un refus d’obtempérer

Le protoxyde d’azote, normalement utilisé à des fins médicales ou culinaires, pour la fabrication de crème fouettée par exemple, est aujourd’hui détourné pour ses effets psychoactifs et peut entraîner de graves problèmes de santé.

« C’est un sujet extrêmement suivi et sensible, confirme la préfecture des Hauts-de-Seine. C’est aussi un enjeu de santé publique. La consommation de protoxyde d’azote peut causer de graves dommages neurologiques et avoir des conséquences dramatiques. Dès la première prise, il peut y avoir des conséquences. »

Ce phénomène touche particulièrement les jeunes. La semaine dernière, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), un homme de 22 ans est décédé d’un arrêt cardiorespiratoire après avoir consommé du gaz hilarant. Les premiers éléments de l’enquête semblent indiquer que le protoxyde d’azote est bien à l’origine du décès de la victime.

Cette histoire est loin d’être un cas isolé. « Nous intervenons régulièrement sur des incidents dont l’une des causes est cette consommation, soulignent les sapeurs-pompiers de Paris. Même si le produit n’est pas illicite en soi, la consommation n’est pas anodine. Il faut absolument rester vigilant. »

La consommation de protoxyde d’azote est courante dans le département des Hauts-de-Seine. Dans la nuit de samedi à dimanche, un homme a été interpellé à Colombes après avoir refusé d’obtempérer. « L’homme était sous l’emprise de stupéfiants et certainement de protoxyde d’azote, précise la préfecture. Dans sa voiture, la police a trouvé plusieurs bouteilles de protoxyde d’azote. »

Ce sujet alerte les autorités qui tentent de mettre en place des moyens pour lutter contre les dégâts causés par le gaz hilarant et son trafic. Le 1er juin 2021, l’Assemblée nationale a voté une loi qui interdit « la vente et la distribution » de ce produit « dans le but d’obtenir des effets psychoactifs », sous peine d’une amende de 3 750 euros. Les ventes sont également interdites aux mineurs quel que soit l’emballage.

Des peines « largement inférieures à celles punissant le trafic de stupéfiants »

Certaines communes, comme Châtillon, ont clairement identifié ce problème. « Nous sommes très attentifs aux signes faibles de la ville, assure la maire Nadège Azzaz (PS). En discussion avec la police, nous surveillons la vente de ces bouteilles, notamment dans les épiceries. Nous souhaitons poursuivre nos efforts et notre travail de prévention notamment auprès des jeunes, pour qui ce produit est très à la mode. »

Depuis 2019, le trafic de protoxyde d’azote a considérablement décollé en région parisienne et « n’a cessé de réussir depuis, favorisé par des peines bien inférieures à celles réprimant le trafic de stupéfiants », souligne-t-il au parquet de Nanterre.

Afin de dissuader les trafiquants, celle-ci « a choisi de protéger le trafic de ce gaz comme le trafic de substances vénéneuses tel que prévu par le code de la santé publique, soit cinq ans d’emprisonnement encourus, explique le substitut du procureur. Cette politique pénale conduit à une vingtaine de condamnations par an, souvent sur comparution immédiate avec emprisonnement prononcé. »